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L’Enlèvement

Marco Bellochio

Italie, France, 2023, 2h14

Avec : Paolo Pierobon, Enea Sala, Leonardo Maltese

En 1858, dans le quartier juif de Bologne, les soldats du Pape font irruption chez la famille Mortara. Sur ordre du cardinal, ils sont venus prendre Edgardo, leur fils de sept ans. L’enfant aurait été baptisé en secret par sa nourrice étant bébé et la loi pontificale est indiscutable : il doit recevoir une éducation catholique. Les parents d’Edgardo, bouleversés, vont tout faire pour récupérer leur fils. Soutenus par l’opinion publique de l’Italie libérale et la communauté juive internationale, le combat des Mortara prend vite une dimension politique. Mais l’Église et le Pape refusent de rendre l'enfant, pour asseoir un pouvoir de plus en plus vacillant...

 

Bon pied, bel œil, le maestro Bellochio, 83 ans, signe un sacré film, récit d’un lavage de cerveau qui tourne au syndrome de Stockholm. Le marmot patiemment converti en curé abandonnera la foi de sa mère pour celle du Saint-Père. Entremêlant à nouveau l’intime et le politique, le cinéaste bâtit de captivantes scènes en miroir : la mère planquant son fils sous ses jupes pour le soustraire à ses kidnappeurs ; le pape le dissimulant sous son habit rouge pour le favoriser dans une partie de cache-cache. Comment Edgardo n’y perdrait-il pas ses repères ? Quand il ne fait pas d’humour grinçant, Bellocchio procède par mouvements musicaux, opératiques, violons à fond sur chevaux galopant dans la nuit, accents déchirants sur la mamma sommée de déguerpir ou sur le père au désespoir se frappant la tête dans un tribunal désert. Prévoir un mouchoir. Puissamment orchestrées, ces ascensions émotionnelles, imparables crève-cœur, relèvent de la manière forte de Bellocchio.

Marie Sauvion

© 2015Cinémartigues 

 

 

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