Présenté en avant-première au Festival de Cannes 2024, sélection Cannes Classics, Bona est enfin visible au cinéma dans sa splendide restauration 4K !
Bona
Lino Brocka
Philippines, 1980, 1h26
Avec : Nora Aunor, Phillip Salvador, Marissa Delgado, Raquel Montesa, Venchito Galve
Jeune fille issue de la classe moyenne philippine, Bona a cessé de fréquenter le lycée. Elle préfère suivre Gardo, acteur second couteau sur des films à petit budget. Son attitude finit par exaspérer son père, qui la met dehors. Bona part s’installer chez Gardo. Alors qu’elle pense pouvoir enfin vivre une histoire d’amour avec lui, la jeune fille devient sa bonne à tout faire, obligée de supporter le défilé incessant de ses nombreuses conquêtes…
Pièce maîtresse de l’œuvre de Lino Brocka sélectionnée en 1981 à la Quinzaine des réalisateurs, Bona est indissociable de son actrice et productrice, Nora Aunor. Première comédienne non métissée à accéder au rang de superstar, la jeune femme, alors âgée de 28 ans, était vénérée par les classes populaires dont elle est issue. La dévotion de ses fans était sans limites. Ainsi, son rôle dans Bona, qu’elle a elle-même produit pour enfin apparaître dans un film « sérieux », est un curieux renversement de situation, dans lequel Lino Brocka désacralise son statut de star en lui offrant le rôle d’une fille qui sacrifie tout ce qu’elle a (sa famille, sa classe sociale) pour se rapprocher de son idole. Comme dans Insiang ou Manille, le cinéaste excelle à ancrer ses mélodrames dans un contexte social bien réel (la vie quotidienne dans un bidonville filmée en quasi huis clos), tout en évitant l’écueil du misérabilisme. Face à un Phillip Salvador (Jaguar) impressionnant en monstre d’égoïsme, Nora Aunor crève l’écran en petite sœur d’Adèle H., aveuglée par un amour sans retour.