
Killers of the Flower Moon
Martin Scorsese
USA, 2023, 3h26
Avec : Leonardo DiCaprio, Lily Gladstone, Robert De Niro…
Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs
Au début du XXème siècle, le pétrole a apporté la fortune au peuple Osage qui, du jour au lendemain, est devenu l’un des plus riches du monde. La richesse de ces Amérindiens attire aussitôt la convoitise de Blancs peu recommandables qui intriguent, soutirent et volent autant d’argent Osage que possible avant de recourir au meurtre…
« Killers of the Flower Moon » est le film de Scorsese le plus beau et ample de ces vingt-cinq dernières années. Une manière de western mâtiné de film noir, où les parcimonieuses fulgurances esthétiques, réminiscences des opus scorsésiens sur la mystique orientale et la bande-son blues spiritual concoctée par feu Robbie Robertson honorent la mémoire osage. On sent le virtuose des « Affranchis » moins motivé par sa description des meurtres et mécanismes mafieux – sa routine – qui prennent ici des tours volontairement grotesques. A l’image de King Hale, campé par un Robert De Niro magistral, paternaliste figure de propriétaire terrien d’une onctueuse crapulerie – l’Amérique du capitalisme, en somme. Face à lui, Leonardo DiCaprio peine à nous faire gober ses mimiques à la Brando avant que son personnage dégénérescent d’abruti trumpien n’accède à un pathétique quasi shakespearien. « Killers of the Flower Moon » est empreint d’une sagesse dans sa mise en scène qui n’a d’égale que la monstruosité asphyxiante de ses protagonistes blancs aux costumes trop propres et la puissance de sa charge contre le racisme génocidaire des pionniers. C’est aussi et surtout une offrande à toutes les cultures anéanties – ou en passe de l’être – par le culte du fric.
Nicolas Schaller